Résumé :
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« Non, ce n'est pas assez pour faire un livre », remarquait Hemingway et il ajoutait, avec sans doute autant d'orgueil que d'humilité, qu'il avait cependant « plusieurs petites choses à dire, plusieurs choses d'ordre pratique ». Ces « petites choses », pour nous, sont les étapes d'une science, des dates et des noms, le raccourci de la vie d' un musée — ce pourrait être n'importe lequel — son évolution, presque son roman, parce que des hommes y prêtèrent leur cœur et leur foi. Elles sont encore, ces « petites choses d'ordre pratique », une prise de position à l'occasion du cinquantenaire du musée et de plus d'un siècle et demi d'ethnographie à Neuchâtel, et cela même si nous devons employer des mots qui paraissent usés, vidés de leur substance par trop de pro-messes faciles jetées aux peuples « sous-développés », trop d.e discours à l'échelle internationale, trop de grandiloquence et de théâtre politique. Mais accepter ces faits serait s'en rendre complice, renoncer à l'effort et à sa part — fût-elle minime — de responsabilités. Il est évident que les musées d'ethnographie n'ont pas été que des murs ou des collections de « curiosités exotiques »; ni des sources de formes et de couleurs, de bizarreries, ni même les indigènes qui les avaient façonnées — il fallut plus de quatre siècles pour les comprendre, le temps qu'ils puissent s'expliquer eux-mêmes avec une certaine - vigueur! Mais ils furent l'expression matérialisée des conceptions de chaque époque dans une discipline : l'ethnologie. Elle naquit en même temps que la société moderne. de repenser les grandes découvertes de la Renaissance, ce « commencement qui était les épices ». Car cette mise en présence de l'Européen du xvieme siècle et du «Sauvage» ne fut pas seulement l'origine d'une immense série d'événements d'ordre politique, économique et moral — à savoir la colonisation par l'Europe des autres parties du monde...
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