Résumé :
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Quoique encore inachevée et ne comportant à l'heure présente que deux volumes (I, Nom et pronom; II, Le verbe, 1965 et 1967), la Grammaire structurale de Jean Dubois apparaît déjà comme une étape importante dans l'évolution de la grammaire française en direction d'une méthodologie correspondant aux besoins de la linguistique moderne. Dans le premier volume, mettant résolument l'interprétation sémantique « entre parenthèses », Jean Dubois s'intéresse à un corpus constitué par une certaine langue qu'il définit comme « la moyenne des emplois actuels, une fois rejetés les écarts les plus grands » (p. 5). Adoptant les méthodes d'exploration distributionnalistes recommandées par Z. Harris dès 1951, il fait apparaître l'intérêt d'étudier la nature et la répartition des marques de genre et de nombre sur les constituants de la phrase minimale, c'est-à-dire les syntagmes nominaux et verbaux. Les résultats de sa recherche, dans ce domaine, sont à la fois simples et aveuglants : il n'existe pas, dans la langue française, d'amalgame de marques, autrement dit une marque ne saurait cumuler deux valeurs, et l'expression de celles-ci ne peut se faire que par juxtaposition d'indices graphiques ou oraux. On aboutit, pour la phrase minimale, à ce que Jean Dubois appelle des « contraintes croisées » : le schéma idéal, du point de vue de la communication et de l'information, se réalise en français selon une alternance des marques de genre et de nombre sur les quatre segments minimaux des deux syntagmes constituant la phrase simple.
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