Résumé :
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La façon dont les secrets chahutent les règles de là communication, dans les sociétés traditionnelles africaines, permet d'avancer que l'oralité qui les caractérise en partie n'est pas forcément source et garantie d'égalité. Tout comme l'écriture, la parole se prête à des accumulations, à des confiscations, à des dissimulations et à des suspensions. Elle rentre dans des stratégies de domination et des exercices de pouvoir. Elle se distribue hiérarchiquement en raison inverse de son utilisation: c'est dire, en somme, que tout gain de pouvoir se traduit par un gain de silence, par la mise en œuvre de mécanismes de pondération, de temporisation et de rétention de la parole et des discours.La réalité sociale et culturelle des sociétés lignagères n'a pas cette transparence que lui confèrent les discours ou les théories locales, qui paraissent fonctionner sur le mode du singulier-pluriel : on parle de
quelques uns pour tous, on parle à ceux dont on ne parle pas ; ou selon une loi du silence : discours qui ne disent ce qu'ils disent que d'une manière tendant à prouver qu'ils ne le disent pas. Que ces discours occultent ou masquent les contradictions, les rapports de force et de domination, cela ne fait aucun doute, mais ils en sont également, par ce qu'ils taisent et du fait même qu'ils le taisent, la description.
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