Résumé :
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BOUBÉ GADO, Le Zarmatarey, Contribution à l'histoire des populations d'entre Niger et Dallol Mawri, Niamey, IRSH, 1980, 350 p., bibliogr., glossaire, 1 carte [Etudes Nigériennes, n° 45] .
Le livre de Boubé Gado s'inscrit dans la série de thèses fécondes produites actuellement par des historiens nigériens (cf. l'ouvrage de Mahamane Karimou sur les Mawri zarmaphones, ou celui, à paraître, de Kimba Idrissa sur la guerre et la société en pays zarma), qui approfondissent et renouvellent l'histoire de l'Ouest nigérien, et que la fort intéressante collection des Etudes Nigériennes met opportunément à la disposition du public. Le travail accompli par Boubé Gado est impressionnant. Il fait en effet l'inventaire de l'ensemble des connaissances accumulées jusqu'à ces dernières années à propos du pays zarma tant au niveau de l'archéologie qu'à celui de l'histoire. En ce qui concerne l'archéologie, Boubé Gado est le premier je crois à en dresser un bilan aussi clair et détaillé, d'autant mieux informé qu'il a lui-même mis la «main à la pâte», et son chapitre 2 constitue un texte de référence, d'autant plus précieux qu'il intègre les quelques traditions orales relatives aux «hommes d'avant» . Quant aux sources proprement historiques, Boubé Gado lès a toutes consultées et dépouillées : des quelques indications des Tarikhs aux traditions orales éditées par Diouldé Laya, des archives coloniales aux mythologies publiées par J. Rouch, tous les témoignages disponibles sur l'histoire passablement complexe et confuse des Zarma — il faudrait dire des divers groupes Zarma — ont été passés au crible. Il est vrai que l'auteur n'apporte guère de documents inédits, et ne semble pas avoir recueilli directement des traditions villageoises. Mais un travail de compilation et l'analyse des documents déjà existants, extrêmement dispersés, lui a semblé sans doute à juste titre constituer une phase nécessaire à la recherche. Boubé Gado propose, ce qui est extrêmement précieux, des hypothèses. On peut ne pas être totalement d'accord avec celles-ci, mais elles ont le grand mérite de poser des problèmes importants, et d'inciter à la réflexion. Les principales concernent le 19e siècle et l'avènement d'une classe de guerriers, les «wanfari». La thèse centrale de l'ouvrage est en effet au fond à peu près la suivante (cf. p. 15-17 et 273-74) : la pression des Touaregs et des Peuls au 19e siècle a engendré un état de guerre endémique qui a pris au dépourvu les chefferies traditionnelles. Des chefs de guerre d'origines sociales diverses se sont alors, dressés, en deux vagues, pour chasser les envahisseurs et les pillards étrangers. Une résistance nationale permit ainsi d'expulser les Peuls du Dallol Bosso, tandis qu'un véritable pouvoir militaire s'établissait parallèlement aux chefferies, en particulier à l'Est sous l'égide d'Issa Koroumbé (les guerriers de l'Ouest cherchant quant à eux un exutoire avec les expéditions lointaines en pays gurunsi). Un état était en fait en gestation à la veille de la conquête coloniale.
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