Résumé :
|
Cet ouvrage, le vingt-quatrième de Samir Amin, part de la thèse suivant laquelle les sociétés précapitalistes sont gouvernées par le politique à la contrainte duquel elles doivent se soumettre. La faillite du développement de l'Afrique (étudié ici tant au nord qu'au sud du Sahara) s'analyse donc en termes de la faillite des États dont la fragilisation explique la vulnérabilité face aux ingérences extérieures. L'auteur est alors amené à discuter des rapports entre l'Etat et l'ethnie ou de la dimension culturelle du développement. Le dernier tiers de l'ouvrage est consacré à l'esquisse d'une autre stratégie fondée sur un développement autocentré, la démocratie politique, une répartition plus égalitaire du revenu national et une réelle coopération Nord-Sud. Comme d'autres ouvrages de Samir Amin ce livre risque de laisser le lecteur quelque peu sur sa faim. Si le constat de départ est en effet incontestable, les perspectives d'un autre développement restent bien floues. Même si l'auteur se refuse « au jeu gratuit des scénarios » deux questions mériteraient sans doute une analyse plus aiguë. Tout d'abord : qu'est-ce que la démocratie dans le contexte africain? S'agit-il d'une démocratie villageoise? Mais les villages africains restent soumis à des hiérarchies de pouvoirs traditionnels qui n'ont surtout pas le souci de faire place à leur remise en question. S'agit-il d'une démocratie décidée par les autorités? Mais Samir Amin montre lui-même de façon pertinente la coupure existant entre les autorités et les forces populaires qui constituent la nation. Une autre vue bien utopique paraît être la possibilité d'une rupture radicale et culturelle alors que les pays africains sont de plus en plus enfermés dans le piège de l'aide. La coopération Sud-Sud n'apparaît pas à cet égard une solution bien convaincante dans la mesure où les pays du Sud les plus avancés restent presque totalement dépendants de ceux du Nord sur le plan technologique...
|