Résumé :
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La philosophie occidentale a beau se vouloir dans le monde et dans l’histoire [2], la philosophie politique faire de plus en plus les beaux jours de la philosophie française [3], l’étonnement du lecteur reste constant : l’ethnocentrisme des références et des auteurs est tout à la fois immémorial, exclusif et inconscient. Pour qui garde présent à l’esprit les sociétés d’Afrique noire depuis les origines de leur invention, à la fois négrière et moderne, cet ethnocentrisme occidental va de soi ; c’est comme une seconde nature de la vie quotidienne, de la réflexion conceptuelle et du comparatisme historique. Les autres aires géoculturelles tombaient probablement jadis sous les coups du même parti pris, mais l’observateur avisé peut penser aujourd’hui que le Moyen-Orient et l’Asie, l’Amérique latine et centrale, voire le Pacifique sont tout naturellement parties prenantes de la mondialisation alors que l’Afrique noire s’en détournerait irrémédiablement. Mais une interrogation plus fondamentale mérite d’être soulevée : la pensée et l’action, dans les sociétés européennes modernes, ont toujours été passées au crible de la réflexivité philosophique. Directement ou indirectement, comme objet ou par procuration, la philosophie a toujours eu, en quelque sorte, son mot à dire. Une telle remarque n’engage a priori que la philosophie. Pourtant, un regard sur la tradition française nous offre une vision plus complexe puisque cette discipline y est considérée également comme le lieu de gestation des sciences sociales, en tout cas de la sociologie et de l’ethnologie.
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