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Résumé :
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Au terme de la guerre froide, la nouvelle configuration des relations internationales a laissé un temps à certains analystes l’espoir quelque peu messianique de l’accession à la paix universelle et de la constitution d’un « nouvel ordre international ». Mais, dès le milieu des années quatre-vingt-dix, cette espérance n’était plus de mise et plusieurs théorisations s’efforçaient de rendre compte de la pérennité de certains conflits ou de l’éclosion de nouvelles guerres. Trois courants ont eu un impact significatif sur le débat intellectuel et universitaire. Le premier est bien illustré par les thèses du journaliste Robert Kaplan [1] ou celles de Enzensberger [2] : la civilisation est attaquée par de nombreux maux, dont les plus nocifs sont, outre les nouvelles pandémies, le fondamentalisme et la violence communautaire. Le deuxième courant s’est fait connaître par les travaux de Collier et propose une analyse économique des conflits civils, où la prédation par les rebelles joue le rôle explicatif principal [3]. Le troisième, sans doute le plus influent avant le 11 septembre 2001 [4], établit une différence qualitative entre anciennes et nouvelles guerres. Il est particulièrement bien représenté par une universitaire respectée, Mary Kaldor. C’est à cette approche qu’est consacré le présent article, ainsi qu’à l’apparition, par suite de convergences de fait entre ces courants très différents, d’une nouvelle problématique légitime sur les conflits qui nous paraît contestable intellectuellement et dangereuse dans ses implications....
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