Résumé :
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Plus de 1 200 pages d’une rare densité suffisent à en convaincre : le livre de Pierre Bouretz, Témoins du futur, est l’événement intellectuel de l’année 2003. Destiné à devenir un classique, superbement écrit, cet ouvrage passe au scanner la plus improbable des rencontres : celle qu’une génération de penseurs, précédée par Hermann Cohen, provoqua entre le messianisme juif et la philosophie. Leurs noms : Hermann Cohen (l’ancêtre, qui les précéda), Franz Rosenzweig, Walter Benjamin, Gershom Scholem, Martin Buber, Ernst Bloch, Leo Strauss, Hans Jonas et Emmanuel Levinas. Improbable croisement : d’abord parce que le judaïsme a été occulté par la philosophie dès le sortir du Moyen Age, ensuite parce que la philosophie n’a retenu de ce judaïsme (jusqu’à Hegel compris) que la caricature brossée par Spinoza, enfin parce que la philosophie moderne, en particulier avec les Lumières, s’est édifiée sur une forme de rationalisme peu compatible avec le contenu de la foi juive. Improbable : dans la philosophie, Athènes et Jérusalem, une fois enterré le souvenir de Maïmonide, en étaient venues à s’ignorer. Longtemps censurée, la rencontre entre la tradition juive et la philosophie s’est répétée, certes sur d’autres modalités, comme au Moyen Age, ponctuée à nouveau, comme jadis, par la tragédie : l’Expulsion d’Espagne, en 1492, mit fin au dialogue entre le judaïsme et la philosophie. Les siècles qui suivirent l’Expulsion, puis l’Émancipation et l’illusion de l’assimilation, et la Wissenschaft des Judentum…
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