Résumé :
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L’« humanitaire » recouvre tellement de choses, d’attitudes et de buts différents que le concept semble aujourd’hui générer plus de confusion que de clarté. L’idée originaire, simple et forte, consiste à alléger le sort atroce des blessés de guerre. Cette nécessité morale s’impose à Henry Dunant lorsqu’il découvre juste après les combats la terrible souffrance des soldats qui agonisent sur le champ de bataille de Solferino. La chair à canon une fois meurtrie est inutile et tout simplement abandonnée à elle-même. Il fait de l’idée de soulager les victimes des guerres l’œuvre de sa vie. Elle sera pérennisée par la création de la société de la Croix-Rouge, dont la démarche, basée sur l’exigence du respect à la fois du droit de la guerre et du principe de l’accès des secours aux victimes, connaît son apogée lors de la guerre 1914-1918. Mais dès 1936, quand éclate la guerre civile espagnole et ensuite le conflit mondial auquel elle sert de terrain d’essai, ce ne sont plus seulement les combattants mais aussi les civils qui se retrouvent au cœur des violences. Les catégories sur lesquelles est fondé le travail de la Croix-Rouge perdent de leur pertinence et pourtant elles n’évoluent pas en conséquence. Les millions de victimes du système concentrationnaire nazi échappent ainsi au cadre du droit international humanitaire, car sur le plan administratif et légal il s’agit d’internés civils et non pas de prisonniers de guerre. Le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) n’est donc pas formellement mandaté pour intervenir auprès d’eux…
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