Titre : | L’homophobie : une question politique (2022) |
Auteurs : | Louis-Georges Tin, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Les Temps Modernes (N°629, Novembre 2004-février 2005) |
Article en page(s) : | pp.288-297 |
Langues: | Français |
Index. décimale : | 100 (Philosophie) |
Catégories : | |
Mots-clés: | homophobie |
Résumé : |
La politisation de la question homophobe est aujourd’hui un phénomène majeur : nous n’avons pas fini d’en mesurer toutes les conséquences.
L’homophobie était jusqu’ici une réalité sociale, somme toute naturelle et, par conséquent, invisible. En quelques années, deux ou trois décennies tout au plus, elle est devenue un sujet politique, un problème manifeste, un scandale véritable. Certes, il existait déjà au début du xxe siècle des personnes et des associations luttant pour la reconnaissance légale de l’homosexualité, en Allemagne et en Angleterre notamment. Mais il s’agissait alors de dépénaliser l’homosexualité. La nouveauté réside aujourd’hui dans le fait qu’il s’agit désormais de pénaliser l’homophobie, ce qui est assez différent. Évidemment, du point de vue logique, ce phénomène nouveau semble la conséquence naturelle du précédent : si l’homosexualité est légitime, l’homophobie ne peut plus l’être totalement. Mais du point de vue politique, le raisonnement était bien plus complexe à mettre en œuvre ; du reste, à bien des égards, cette « conséquence naturelle » est en réalité une révolution culturelle. Le problème n’est plus l’homosexualité, mais l’homophobie : ce renversement change la donne dans l’espace politique, de manière frappante, et dans le monde entier. A cet égard, l’affaire Buttiglione a été un événement historique. Un fait sans précédent. Les propos homophobes et sexistes d’un commissaire, Rocco Buttiglione, conduisent le Parlement européen à refuser son soutien à la Commission tout entière… |