Résumé :
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a question de la puissance militaire et stratégique de la France doit être abordée sous l'angle européen. Comment en effet faire abstraction de l'Union européenne (UE) dont la construction a constitué un facteur essentiel de paix sur ce continent? La place de la France dans les affaires internationales est toujours intrinsèquement liée à ses instruments propres de puissance. Dans un monde où les États-Unis exercent une influence majeure, sa relation avec Washington est plus que jamais structurante, mais c'est bien aujourd'hui en Europe, et grâce à l'Europe, que la puissance militaire et stratégique de la France reste essentielle. La France est un acteur majeur de l'Europe de la défense. Je voudrais souligner son rôle en tant que catalyseur dans la construction des outils de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) et la part essentielle qu'elle prend à la mise en œuvre de cette politique. Au cours des années 1990, la crise des Balkans a été le révélateur de l'impuissance des Européens à traiter eux-mêmes les problèmes de sécurité. Cette prise de conscience a conduit à la mise en place d'une Politique européenne de sécurité et de défense. Le défi restait toutefois entier : il fallait lui donner un cadre et des capacités. Après avoir tenté de faire naître un vrai pilier européen au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) entre 1995 et 1997, en s'appuyant notamment sur les structures de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), nous avons opté en 1998 avec les Britanniques, au sommet de Saint-Malo, pour une dynamique européenne propre, fondée sur les capacités, c'est-à-dire sur les forces et sur leurs équipements. Depuis le sommet de Nice en 2000, la France est l'élément moteur de la construction de la PESD. Bien sûr, la ratification du Traité constitutionnel européen a échoué en France, mais dans le domaine de la défense nous avons deux atouts majeurs. En premier lieu, les citoyens européens soutiennent à une très large majorité une approche européenne de la défense. De plus, les avancées du Traité ont, en quelque sorte, été anticipées : création de l'Agence européenne de défense, mise en place de la clause de solidarité face à des menaces terroristes ou en cas de catastrophes naturelles, élargissement des missions... Toutefois, il convient de reconnaître que les difficultés dans la prise de décision au sein de l'Union européenne restent intactes.
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