Résumé :
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Le projet colonial se compose de trois aspects interdépendants. Il est à la fois une pratique, un corpus de connaissances et une technologie visant à modifier l’esprit – ou plus simplement de l’ingénierie mentale. La décolonisation est nécessairement une négation du tripartisme de ce processus colonial, destinée à générer une troisième éventualité : indépendance, libération et justice sociale. Le colonialisme comme ingénierie mentale émerge du colonialisme comme doctrine et comme pratique, mais les sert également. L’ingénierie mentale est la conséquence directe du colonialisme comme doctrine puisque la doctrine coloniale est à la fois un ferment pour les esprits colonisateurs et une prison pour ceux des colonisés. Le combat entre la doctrine coloniale et son contraire dialectique, la doctrine anti-coloniale, est au centre du processus de décolonisation. Achebe et Hegel en sont l’exemple. ous ne savons pas si Achebe, à l’époque où il écrit Things Fall Apart Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, 1975, avait ou non connaissance du texte de Hegel, mais cela importe peu car la vision hégélienne de l’Afrique et des Africains, elle-même issue des récits des missionnaires et explorateurs du xixe siècle, transparaît dans la doctrine coloniale tout entière.
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