Résumé :
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Parmi les innovations culturelles qui caractérisent le Paléolithique supérieur, celle relative aux sépultures nous offre la possibilité d’évaluer les profonds changements qui marquent – sans qu’il y ait une véritable rupture – des différences par rapport au Paléolithique moyen. La Présence d’un mobilier funéraire et d’une parure clairement associés au défunt, utilisation de l’ocre, aménagement de structures sont autant d’éléments qui se retrouvent différemment associés dans ces sépultures et qui attestent de façon indubitable la volonté d’accomplir un geste funéraire. Les sépultures du Paléolithique supérieur nous offrent un aperçu parfois très suggestif de la complexité du monde symbolique, cognitif et social de ces populations, ainsi que de l’évolution et de la diversification dans le temps et dans l’espace de leurs rituels de la mort. Mais l’importance des sépultures n’est pas limitée aux témoignages de nature archéologique qu’elles nous offrent pour explorer l’univers conceptuel des hommes du Paléolithique supérieur. Les structures funéraires ont assuré une protection de leur contenu à l’égard d’actions de dispersion et destructives par des facteurs taphonomiques. Dans la plupart des cas, les squelettes (ainsi que les objets associés) sont donc conservés de façon remarquable et notre connaissance de l’anthropologie physique de ces populations en ressort remarquablement approfondie.Le but de cet article est de montrer que, même si, comme il a été remarqué par plusieurs auteurs, on peut identifier des constantes, au moins dans certaines aires géographiques et dans certaines phases culturelles, la variabilité observée dans les sépultures du Paléolithique supérieur reste très grande, et chaque cas montre des caractéristiques particulières. Ce fait pourrait être imputé à la relative faiblesse de l’échantillon actuellement disponible, même si notre connaissance des sépultures de cette époque est basée sur un nombre de découvertes décidément plus important que celles relatives au Paléolithique moyen. Cependant, les recherches conduites pendant presque un siècle et demi dans des gisements du Paléolithique supérieur nous autorisent à affirmer que la sépulture d’un défunt a représenté, encore à cette époque, un événement exceptionnel, probablement limité à des personnages ayant eu un rôle spécial dans leur groupe. En effet, pour des caractéristiques liées à la composition de la parure ou du mobilier, à la structure funéraire ou à des particularités physiques des personnages, ou encore pour des raisons vraisemblablement liées à la cause de la mort, chaque sépulture paraît unique et raconte une histoire différente. L’ensemble des sépultures découvertes jusqu’à présent sur le territoire italien – la plus riche série actuellement connue – est particulièrement représentatif. Nombreuses, diverses et riches, elles nous fournissent d’importants renseignements sur ces hommes du Paléolithique supérieur et sur leur comportement devant la mort d’un de leurs proches. D’autre part, une analyse distincte des sépultures d’Italie se justifie par les spécificités de l’évolution du Paléolithique supérieur sur ce territoire et par les particularités et les différenciations régionales du Gravettien et de l’Épigravettien italique. Mais ces sépultures sont également importantes pour des raisons liées à l’histoire des recherches et des idées. En effet, elles représentaient déjà un ensemble important, dès les dernières décennies du xixe siècle, incontournable dans le débat sur le degré d’humanité de l’homme paléolithique et sa capacité à inhumer volontairement ses semblables ; débat qui entraîna de vives discussions sur leur attribution au Paléolithique.
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