Résumé :
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Comment entretenir des relations de commerce durables avec des étrangers, différents par leurs ethnies, leurs langues ou leurs religions ? Comment leur faire confiance ou s’assurer de leur honnêteté malgré la distance matérielle ? L’historiographie a coutume de mettre en avant la forte cohésion ethnique des diasporas marchandes pour expliquer leur succès dans l’économie globalisée de l’époque moderne. Dans son dernier ouvrage, Francesca Trivellato remet en question cette vision essentialiste. À travers l’étude de la correspondance d’Ergas & Silvera, une société en nom collectif sépharade basée dans le port toscan de Livourne, l’historienne montre l’hétérogénéité de leurs réseaux marchands : les juifs sépharades pouvaient coopérer tout aussi bien avec des coreligionnaires qu’avec des catholiques, voire des hindous à Goa, en fonction des perspectives de gain qu’offraient les associés potentiels. Cela ne dissolvait pas pour autant les préjugés existants entre les différents groupes. L’ouvrage incite de manière convaincante à entreprendre une analyse comparée des diasporas marchandes et offre un exemple réussi d’histoire connectée.
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