Résumé :
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17 % à 30 % de la population cambodgienne périrent sous le régime de Pol-Pot. L’ampleur de cette tuerie ne semble pouvoir s’expliquer, si ce n’est par un processus de guerre totale, à l’intérieur comme à l’extérieur (guerre civile et conflit contre les États-Unis et le Vietnam). Comment rendre compte d’une telle violence? Doit-on l’expliquer comme une réaction circonstancielle à la guerre menée par les Américains au Cambodge? Le fondement en est-il culturel et ethnologique, reposant sur une tradition guerrière, ou religieuse? L’hypothèse d’une explication plus politique et idéologique paraît la plus séduisante: l’auteur se refuse ici à adopter le point de vue d’un «essentialisme» du communisme, comme mal absolu et intrinsèque, et préfère insister sur l’irréductible singularité cambodgienne. Le régime dut en effet en permanence lutter contre sa faiblesse initiale (peu de militants implantés dans le pays, peu de moyens, dépendance politique et matérielle à l’égard du Vietnam), et son apparition tardive, dans un monde et dans une région où le capitalisme semblait reprendre le dessus. Sa fuite en avant éperdue et sa violence radicale s’expliquent peut-être par cette faiblesse originelle.
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