Résumé :
|
En terme d’histoire politique, la guerre d’Algérie est souvent présentée comme la fossoyeuse des institutions de la Quatrième République. Au-delà des seules institutions, elle a aussi radicalement transformé les logiques d’engagement, en particulier au sein du mouvement ouvrier. Prenant pour cadre l’usine emblématique de Renault à Billancourt, « forteresse ouvrière » et principal employeur de main-d’œuvre nord-africaine en France métropolitaine, l’article étudie les mobilisations ouvrières face aux événements. L’analyse des formes, motifs et mots d’ordre de ces mobilisations entre 1954 et 1962, donne à voir la diversité et l’évolution des positions des organisations ouvrières françaises, syndicales et politiques, face à la guerre d’Algérie ; plus largement, elle fait apparaître une polarisation progressive des engagements, scindant les ouvriers entre partisans de la paix et partisans de l’indépendance, davantage qu’entre Français et Algériens. Via cette histoire sociale du politique, l’article montre à quel point la guerre d’Algérie porte, bien avant 1968, les premiers signes d’une crise du mouvement ouvrier français.
|