Résumé :
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Pour les mouvements extrémistes du xixe siècle, la question cruciale était de savoir comment faire la révolution et changer la société. Les deux grandes thèses en présence étaient celle de Karl Marx, qui croyait à la création de partis politiques de masse dirigés par une autorité centralisée, et celle de l’anarchiste Mikhaïl Bakounine, qui optait pour des coalitions politiques peu structurées, dirigées par des groupuscules clandestins de militants. En 1872, à la réunion de la Ire Internationale à La Haye, c’est Marx qui l’avait emporté, et Bakounine avait été exclu. Les anarchistes rêvaient d’apocalypse, et la durée n’entrait pas en ligne de compte : seul existait le présent, qui pouvait être transformé par un acte cataclysmique détruisant la société. Pour Bakounine, « le déchaînement de ce qu’on appelle aujourd’hui les passions du mal, et la destruction de ce qu’on baptise ordre public », étaient résumés dans sa fameuse déclaration : « Le désir de destruction est aussi un désir créateur. » Esthétique et politique ne faisaient qu’un. Les anarchistes voyaient dans « la propagande par l’action » la clé de leur tactique. Une action violente ferait comprendre au monde, impressionné, aussi bien le caractère désespéré de la situation sociale que la détermination impitoyable de ceux qui n’entendaient pas interpréter le monde mais le changer. Le principal moyen de susciter la terreur était l’assassinat. Le nombre d’attentats politiques perpétrés entre 1880 et 1914 est frappant : sont successivement assassinés le Président Carnot, le Président américain McKinley, l’impératrice Élisabeth d’Autriche, le roi d’Italie Humbert …
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