Résumé :
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Pour entrer dans ce grand sujet de la démocratie contemporaine, pour nous donner quelques moyens de l’évaluer sereinement à l’heure de son triomphe – un triomphe trop complet pour ne pas susciter les inquiétudes de l’observateur du train ordinaire des choses humaines –, je vous propose, pour une première orientation, de considérer l’histoire de la démocratie, plus précisément la chronologie de ses interrogations sur elle-même, les grandes phases, la succession des grands thèmes de la musique démocratique – histoire non des « idéologies dominantes » mais, si j’ose dire, des « questionnements dominants ». Mais quelle chronologie ? Le choix des dates ne présuppose-t-il pas déjà une interprétation de la démocratie, une conception de ce qu’elle est ou devrait être ? C’est sans doute ce que dirait un épistémologue rigoureux. Je ne ferai pas semblant de pratiquer une vertu qui a l’inconvénient, outre sa difficulté, d’être inutile, donc nuisible. Non, faisons quelque confiance au moins à la densité, à la force porteuse de l’atmosphère sociale, c’est-à-dire aux dates que les citoyens, sans prendre les ordres de quiconque, ont retenues comme significatives. Les savants, et les philosophes qui les imitent, font semblant de ne rien savoir pour commencer. Je vous propose de commencer notre réflexion par ce que nous savons tous. Les deux dates les plus niversellement retenues, me semble-t-il, pour scander le développement de la démocratie moderne sont séparées par plus d’un siècle, et elles riment : 1848, 1968…
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