Résumé :
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Les relations entre la France et la Russie sont caractérisées par un paradoxe récurrent. La France fait une grande place à la Russie dans sa politique étrangère et dans ses préoccupations, mais elle ne s’efforce guère de la comprendre et de savoir au juste ce qui s’y passe vraiment. C’est parce que la Russie semble offrir à la France ce qu’elle ne cesse de chercher, l’alliance de revers, contre l’Allemagne traditionnellement, contre les États-Unis depuis le général de Gaulle, que la diplomatie française ne veut pour la Russie qu’une chose, un régime stable capable de tenir un pays dont on craint vaguement les tendances à l’anarchie. Plusieurs fois dans notre histoire, cette obsession de l’alliance de revers a conduit les dirigeants français à fermer les yeux sur les tendances profondes à l’œuvre dans ce partenaire d’ailleurs enclin à la dissimulation, avec des conséquences graves pour notre pays. Au début du siècle dernier, les Français ont ignoré les signes avant-coureurs de la révolution, minimisant la portée des événements de 1905, continuant à arroser la Russie de crédits. En 1989, le Président Mitterrand a gravement sous-estimé la crise de l’URSS gorbatchévienne, et jusqu’au naufrage total de la RDA, il a vainement poursuivi le mirage de l’alliance de revers, oublieux de la faiblesse interne de l’URSS, espérant jusqu’au dernier moment que Moscou allait bloquer la réunification de l’Allemagne. Cet aveuglement a jeté un froid durable dans la relation franco-allemande et nous a aliéné les pays d’Europe centrale et orientale ainsi que les nouveaux États sortis de l’URSS…
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