Résumé :
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L’étude des relations internationales souffre aujourd’hui de paradigmatisme, cette attitude qui consiste à voir les différentes théories comme des paradigmes mutuellement exclusifs. Réalisme, libéralisme, marxisme, constructivisme, École anglaise, théorie critique, féminisme, poststructuralisme, postcolonialisme : l’étudiant doit choisir son camp. Pour l’aider, on caricature chaque position, et on lui fait croire qu’elles sont incompatibles. C’est parce qu’ils ont été formés de cette manière que certains lecteurs ont peut-être bondi en voyant le titre de cet article : « réalisme libéral », une contradiction dans les termes! Mais qu’est-ce, au juste, que « le » réalisme? Il en existe de nombreuses sortes : celui, historique, de Thucydide, Machiavel ou Hobbes (qui n’est d’ailleurs pas le même pour chacun d’entre eux) ; celui, classique, d’E. H. Carr, Hans Morgenthau, Reinhold Niebuhr, John Herz, Frederick Schuman, Georg Schwarzenberger et Arnold Wolfers par exemple, auquel appartient, avec ses différences, Raymond Aron ; le néoréalisme structuraliste de Kenneth Waltz, qui se présente comme une forme de rédemption scientifique du réalisme classique (pour Waltz, Aron est un « traditionaliste ») ; le réalisme néoclassique, synthèse du réalisme classique de Morgenthau et du néoréalisme de Waltz ; le réalisme offensif de John Mearsheimer, pour qui l’action offensive contribue à la sécurité ; le réalisme défensif de Stephen Walt et Jack Snyder, qui pensent que ce n’est pas le cas, etc…
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