Résumé :
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Mi-décembre dernier, Michel Pébereau remet son rapport sur la dette publique française. Et aussitôt un concert d’exclamations stupéfaites explose en tintamarre. Le chiffre provocateur est évidemment la dette globale des administrations françaises : 1 100 milliards d’euros (trois fois plus qu’il y a vingt ans, 66 % du Produit intérieur brut – le PIB qui évalue la richesse produite chaque année par la France) si l’on ne compte que la dette qui entraîne le paiement d’un intérêt, soit 41 000 euros par ménage fiscal ; davantage si l’on ajoute les retraites de la fonction publique. La dette ainsi gonflée atteint 2 000 milliards d’euros, soit 120 % du PIB. Pour renforcer l’effet de masse, certains même, ajoutant les retraites des anciens employés des entreprises publiques, portent le chiffre de la dette publique française jusqu’à 2 300 milliards d’euros. Ces chiffres globaux ne favorisent pas la compréhension des problèmes posés. A trop vouloir frapper l’imagination, on brise la sérénité avec laquelle la Commission Pébereau a travaillé. Composée de personnages politiques de tout bord et de représentants de la société civile, syndicalistes et patrons, la Commission Pébereau avait voulu porter un diagnostic, sans concession mais aussi sans passion. Les cris d’orfraie ne peuvent que provoquer la peur en reportant la responsabilité sur autrui. Le Ministre de l’Economie ne fut pas le dernier à s’engouffrer dans cette voie qui gêne la recherche de solutions en accusant les gouvernements passés, soit d’avoir accentué la dette en dépensant au delà des recettes, non pour l’investissement mais pour la consommation choisie avec des critères partisans – et il évoque l’accroissement du nombre des fonctionnaires, les trente-cinq heures, la retraite à soixante ans, chacune de ces décisions étant traduite en chiffre de la dette –, soit de ne pas avoir profité de la croissance des années 1998-2000 pour désendetter plus franchement l’administration française. Responsabilité bien partagée d’ailleurs, si l’on se rappelle que la « cagnotte » à redistribuer fut agitée par le Président de la République sous un gouvernement de l’autre tendance, alors même que la dette publique française représentait déjà 800 millions d’euros, frôlant les 60 % du PIB autorisés par les accords de Maastricht.
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