Résumé :
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Depuis le raz-de-marée qui a ravagé l’Asie du Sud-Est en décembre 2004, le formidable élan de générosité en faveur des victimes du tsunami a remis au goût du jour des interrogations anciennes sur les performances humanitaires des ONG (Organisations non gouvernementales). Après l’urgence, et une fois venu le temps de la réflexion, les médias n’ont pas tardé à se poser des questions sur l’utilisation des dons. Leur attention a été à la mesure de l’énormité du montant collecté auprès du public à cette occasion : plus d’un milliard d’euros à l’échelle mondiale, 270 millions rien qu’en France. Reflet d’une certaine étroitesse de vues, le débat a souvent tourné autour de la capacité des ONG à rendre des comptes aux donateurs, bien plus qu’à satisfaire les « Bénéficiaires » de l’aide internationale. On s’est surtout préoccupé de vérifier le « bon » emploi des dons, le caractère non lucratif d’un opérateur et l’effectivité de ses opérations dans des temps courts. A posteriori, on s’est beaucoup moins interrogé sur la qualité du travail humanitaire réalisé, sans même parler de l’impartialité ou de l’engagement partisan des associations déployées sur le terrain. La question a plutôt été de savoir si les organisations humanitaires étaient dignes de la confiance placée en elles. De fait, le risque d’un détournement de fonds, bien que rare, n’est pas totalement négligeable. En France, quelques scandales plus ou moins retentissants ont marqué les esprits : les malversations de la Fondation Raoul-Follereau (spécialisée dans la lutte contre la lèpre) en 2002, la gestion désastreuse de SOS-Racisme de 1997 à 2001, les abus de Jacques Crozemarie, président de l’ARC (Association pour la recherche contre le cancer) en 1994, les associations fictives du secrétaire d’État aux handicapés Michel Gillibert entre 1989 et 1992, l’utilisation des subventions de l’association Carrefour du développement au profit du Parti socialiste via le ministre de la Coopération Christian Nucci en 1986, etc. En 2003, encore, un rapport du Service central de prévention de la corruption montrait que les structures associatives constituaient une aubaine pour les fraudeurs : la souplesse et le caractère obsolète de leur cadre juridique favorisaient notamment l’évasion fiscale.
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