Résumé :
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En France, la notion de « patrimoine » appartient désormais au sens commun. On parle du Patrimoine avec un « P » majuscule, pour évoquer la reconnaissance unanime de ses monuments, ou des patrimoines, dont le pluriel renvoie à la multiplicité des cas sur le terrain. Ils constituent un domaine à part entière des sciences humaines et sociales, rassemblant des historiens, des ethnologues, des sociologues, des philosophes, des archéologues, etc. Si bien qu’il aurait été vain de se lancer dans une synthèse exhaustive sur la question, cet objet protéiforme ne se laissant saisir que par ses aspérités – d’où le plus souvent une spécialisation des auteurs dans tel ou tel domaine patrimonial : le monumental, le rural, le paysage, l’espace domestique... Nathalie Heinich n’a pas tenté l’impossible, mais a cherché à s’en tenir aux modalités sinon de la production de la catégorie patrimoniale, du moins de la procédure de saisie des objets par les hommes et les femmes chargés de construire l’ensemble cohérent du patrimoine culturel de l’État. Son livre s’appuie sur deux enquêtes non publiées1 réalisées à vingt ans d’intervalle (1984-2004), portant pour la première sur les boutiques parisiennes et leur inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, pour l’autre sur le travail des chercheurs du service de l’Inventaire général. L’objectif théorique de ce livre est donc ancré dans un travail de terrain consacré à ce qui constitue concrètement la mise en patrimoine d’un point de vue administratif et réglementaire.
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