Résumé :
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Doit-on conclure de la diversité des expressions du bonheur, de son caractère contingent et éminemment subjectif, à l’impossibilité d’en dresser les formes et de l’étudier scientifiquement ? Ce serait oublier que le bonheur a une histoire, rendue visible avec l’essor de la culture grecque, et que les formulations apportées au cours des civilisations et des sociétés humaines dessinent des modèles de l’« être heureux » et des voies différentes pour y parvenir. Objet d’une quête collectivement partagée, le bonheur trace un horizon et nourrit un imaginaire qui se fixe sur des objets, des lieux et des moments selon un processus étroitement chevillé à la vie sociale. Les vacances, et particulièrement sous la forme du voyage, représentent désormais l’une de ces instances en ce qu’elles sont un lieu commun du bonheur idéalisé (le « paradis ») ou réalisé ici-bas. À travers cette apparente « banalité » du bien vacancier dont témoignent ses usages publicitaires et marchands, une figure contemporaine du bonheur a pris forme et sens, offrant un éventail d’images et de possibles, inégalement accessibles, mais qui impriment les représentations sociales du plus grand nombre. C’est donc sous cet angle que le bonheur prend, dans ce texte, le statut d’un objet scientifique à questionner.
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