Résumé :
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Raconter deux siècles de découvertes, de conflits, de contacts, de fureur et de foi. Tel est le tour de force que réussit René Grousset et qui place ce livre sur le même registre que Les Rois thaumaturges de Marc Bloch ou le Luther de Lucien Febvre. Tout commence en novembre 1095 avec la prédication d'Urbain II à Clermont. René Grousset navigue d'un bout à l'autre de la Méditerranée, toujours soucieux de mesurer le poids des acteurs économiques -ici la lutte entre Gênes et Venise, attentif au discours propagandiste qui justifiait la conquête pour des motifs religieux, sachant restituer la foi chevillée au corps de ces croisés -seigneurs ou manants- qui partent à l'aventure. Car il s'agit d'une aventure, avec ses faits d'armes -la prise de Jérusalem, la création du royaume d'Antioche, la conquête de l'Egypte, les épopées de Saint Louis-, ses conquérants et la naissance d'une culture éphémère qui associait l'Orient et l'Occident. Même la chute de 1291 et le repli des Européens ne suffit pas à dissiper la magie des Croisades. Dans la littérature historique contemporaine, le livre de René Grousset comporte peu d'équivalents : il associe la clarté de l'exposition, la fluidité de la langue, la richesse des tableaux -véritables fresques historiques sur deux cents ans de la vie autour du bassin méditerranéen- et la cohésion du propos autour d'une idée simple : expliquer comment des centaines de milliers d'Européens sont envoûtés par ce rêve de Jérusalem. Dans ce registre, on ne voit guère à René Grousset que Gibbon, Trevelyan ou Mommsen, les historiens mythiques du XIXe siècle, pour compagnons.
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